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Un vérificateur orthographique pour la langue bambara

C’était une idée qui, ces dernières années, ressurgissait de temps en temps, elle a finit par voir le jour.

Écrire sur ordinateur devrait être plus facile pour les auteurs maliens. Oui mais voilà : il y a vraiment très peu de temps que l’alphabet bambara est réellement disponible, et entre-temps beaucoup de solutions ont été bricolées, incompatibles les unes avec les autres. Ceci devrait s’arranger, la solution a un nom : avec Unicode, tous les alphabets de la planète peuvent entrer dans l’ordinateur.

 

Au-delà de l’alphabet, il y a les mots. En bambara comme dans d’autres langues, c’est en écrivant qu’on se pose des questions : faut-il un é ou un è (en français) ? Ce mot s’écrit-il (en bambara) avec un o ou un ɔ (o ouvert), avec ny ou avec ɲ , avec un u ou avec un w ?…

 

Les traitements de texte d’aujourd’hui permettent de répondre à ces questions : si le mot est mal écrit, il est souligné en rouge, et l’ordinateur propose la bonne orthographe (ou plus souvent : les bonnes orthographes possibles : il faut alors choisir !). C’est ce qu’on appelle le « vérificateur orthographique », ou « correcteur » : j’hésite à employer ce mot car le « vérificateur » informatique ne remplacera jamais le métier très noble et exigeant de « correcteur », métier qui a été victime de licenciements chez la plupart des éditeurs et journaux, dont les pages sont maintenant remplies de fautes inacceptables que l’on ne trouvait pas il y a quelques années, rendant la lecture plus difficile.

 

Oui mais voilà : pas pour toutes les langues ! Environ 40 langues ont un vérificateur orthographique. Certaines sont même richement dotées : Pour le français, on distingue bien sûr le français du Canada… mais aussi le français du Luxembourg et même celui de Monaco ! Seules 3 langues africaines ont un vérificateur orthographique : Le swahili (langues bantoues de l’Afrique de l’Est), le shona (Zimbabwe, principalement), et le malagasy (Madagascar). Nous voici avec un tout nouveau vérificateur orthographique pour le bambara.

 

Il est disponible sur les traitements de texte et outils bureautiques libres et gratuit : Open Office, Libre Office, Néo Office, et sur les ordinateurs Windows, Mac, et Linux.

Qu’est-ce qui a rendu ceci possible ? D’abord l’énorme travail fait par les linguistes qui ont publié des dictionnaires et des grammaires ces dernières années : ces dictionnaires sont maintenant disponibles sur ordinateur ; les règles grammaticales de base comme les pluriels et les conjugaisons, et celles qui permettent de fabriquer des mots à partir d’autres mots, peuvent être codifiées pour être comprises par un ordinateur. Ces linguistes ont rencontré des informaticiens, tous ces gens là ont eu des rêves…  Je suis un de ces derniers, un modeste étudiant en licence de bambara, qui a une petite expérience en informatique  ( jean jacques Meric)

 

Comment ça marche ?

Dans l’utilisation quotidienne, un vérificateur apporte du confort : on est rassuré de ne pas laisser passer une faute d’orthographe énorme. Enfin presque toutes les fautes…

Car un vérificateur est toujours imparfait, et il vous laisse un large part de travail : bref, c’est un outil et comme tout outil il faut apprendre à s’en servir, et apprendre quand il ne faut pas s’en servir.

 

Prenons un exemple

Voici une page avec un conte écrit par Umaru Jara, instituteur, sur un cahier, et le même conte tapé sur l’ordinateur : (voir image ci-dessous).

 

On voit quelques mots soulignés avec une vaguelette rouge : Nbɛ, tuɲan, Libaabanun, mɔgɔnifin, jɛlenbɛ, naafɔ.

D’abord rassurons-nous : seul celui qui tape le texte sur ordinateur voit ces mots soulignés en rouge : quand on imprime, par exemple, elles ne s’impriment pas !

 

Ensuite, pour chacun de ces mots, l’auteur peut demander (clic droit) quelles sont les corrections possibles : ainsi l’ordinateur propose bien "N bɛ" à la place de "Nbɛ". Mais remarquez que l’ordinateur est un peu idiot : il propose des mots qui s’écrivent presque pareils, comme « Bɛn » mais qu’on n’aurait pas idée de mettre à cet endroit dans une phrase. C’est que l’ordinateur ne reconnaît pas la phrase et sa grammaire, il ne connaît que des mots isolément, il ignore les relations entre eux : il ne fait que comparer un mot avec la liste des mots possibles dans le dictionnaire. Pour "tuɲan" il ne trouvera pas qu’il s’agit de "tiɲɛ", mais pour "mɔgɔnifin" il proposera la bonne orthographe, et elle seule : "mɔgɔninfin"

 

Enfin, ce dictionnaire est toujours incomplet : Par exemple ici il ignore le village (probablement inventé pour le conte) de Libaabanun, bien qu’il connaissent quelques centaines de noms de pays et de villes. Avec 15.000 mots c’est certainement un des plus complets, mais il est sûr et certain que certains mots qu’utilisent les griots manquent encore, que le vocabulaire de certains métiers est mal représenté… Nous comptons sur les écrivains pour nous les signaler, afin que nous les ajoutions aux versions futures.

 

Prenons un autre exemple

Il s’agit d’un extrait d’un roman très bien écrit de Tumani Yalam Sidibé. C’est moi qui ai ajouté les couleurs. Désolé ce sont des couleur criardes : Elles sont là pour montrer que le vérificateurs reconnaît bien plus que les mots du dictionnaire. Le plus simple : en vert les pluriels des mots, comme "tungafɛtagalaw". En jaune, les mots composés qui ne sont pas dans le dictionnaire, mais qui font la richesse expressive du bambara, comme "masirimafɛn". En violet les conjugaisons des verbes : "kɛra", "sɔnnen". En gris, les variantes acceptées : "janjo" au lieu de "janjon", "segi" (dans "segilen") au lieu de "segin" (utilisé plus loin dans "seginna"). Il y a bien d’autres choses, comme le "ya" de "yamaruya" par exemple en ocre.

Très peu de mots sont soulignés en rouge "Cɛmalenbugu"  n’est pas dans le dictionnaire, donc "Cɛmalenbugukaw" est souligné en rouge, mais Segukaw ne serait pas souligné en rouge, car Segu est dans le dictionnaire. Si on utilise beaucoup ce nom de village dans le texte et qu’on en veut pas être dérangé par le  "souligné en rouge", on peut tout de suite indiquer "ignorer l’erreur pour ce mot à l’avenir".

"jagabo" est souligné car le dictionnaire ne connaît que "jakabo", et pour Fɛrɛbɔ, le vérificateur propose Fɛɛrɛbɔ… La correction de cette page ne demanderait donc pas plus de 3 secondes.

 

L’avenir

 

Nous aimerions beaucoup que les auteurs en langue bambara utilisent ce correcteur et nous en parlent, afin de l’améliorer. Un bon exemple d’utilisation : plusieurs auteurs pour un seul livre de médecine au village (voir le projet : http://www.dokotoro.org) – il est donc important que le bambara soit écrit de la même façon du début à la fin du livre ! Le vérificateur peut être utile pour ce projet. Nous pensons également que, bien encadré par les professeurs, son utilisation peut être utile aux élèves qui apprennent le bambara à l’école ; nous serions ravis d’avoir des nouvelles directement de la salle de classe !

 

De notre côté nous continuerons d’augmenter le dictionnaire (avec votre aide!), d’apprendre à l’ordinateur à proposer plus intelligemment la bonne orthographe, et nous rêvons à une suite avec correcteur grammatical (erreurs soulignées en vert)… Nous aimerions également proposer un dictionnaire, c’est à dire la possibilité en cliquant sur n’importe quel mot du texte, d’avoir accès à son sens (si possible, en bambara!), à ses synonymes, … A  tɔ  bɛ na !

Source :  http://fasokan.com/2013/12/21/un-verificateur-orthographique-pour-la-langue-bambara/    -  21 décembre 2013

 

"Dardak, Bernabul" : ces médicaments qui font grossir !

Pernabol, Pervital, Antinorex...vous connaissez tous ces fameux sirops et comprimés qui font grossir,  ces «boosters d’appétit» qu’achètent les femmes en mal de rondeurs. En effet, se considérant maigres ou pas assez potelées, beaucoup consomment ces médicaments espérant répondre aux standards de beauté locale. 

 

«Très souvent, des femmes viennent demander le médicament qui fait grossir et me tendent un bout de papier où est écrit en arabe Birnaboul», témoigne un pharmacien désabusé. L’héritage culturel veut que la femme soit bien en chair. Particularité marocaine et africaine alors que les occidentales cherchent à mincir. Le hic est que ces médicaments sont tellement utilisés pour prendre du poids qu’ils ont été complètement sortis de leur prescription initiale.

A l’origine, Ils ont eu leur Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) de la part du Ministère de la Santé en tant qu’antihystaminiques destinés aux traitements anti-allergiques comme la rhinite, le rhume de foins, les urticaires.... Mais, ignorance et auto-médication aidant, ont fait qu’ils ont été détournés de leur objet posant un sérieux problème de santé publique au Maroc, à savoir l’obésité et son lot d’hypertension et de montée du cholestérol. 

 

En 2012, plus de 11,8 millions de boîtes ont été vendues au Maroc, en constante progression (Voir tableau ci-dessous). A tel point qu’ils sont actuellement recensés, pour la plupart, non pas dans la case des antihistamniques mais en tant que OTC (over the counter), produits de comptoir comme les multivitamines. 

 

Pernabol reste le roi de ces médicaments avec 2,9 millions de boîtes vendues en 2012, suivi d’Apetine (2,2 millions), Antinorex (1,6 million) et Pervital (1,5 million de boîtes). Ils sont 10 types de médicaments stimumants d'appétit (Pernabol, Pervital, Antinorex, Apetine, Aractine, Nuravit, Périactine, Nurabol, Trésorix, Sanmigran). Tous contiennent la molécule Cyproheptadine, un antihistaminique qu'on utilise surtout pour son effet antipruritique. cette molécule diminue la démangeaison associée à l'urticaire, l'allergie médicamenteuse, l'eczéma, la varicelle...

 

Ce qu’il faut savoir c’est que la cyproheptadine possède un effet secondaire: elle provoque un léger gain de poids, qui semble associé à une stimulation de l'appétit, une somnolence et une perte d’attention. Même si le patient arrête de la prendre, il semblerait qu’il ne revient pas à son poids initial.

 

Voila comment l’effet secondaire d’un médicament est devenu sa vocation principale. Nous nous retrouvons un peu dans la même situation que Diane 35 qui avait eu son autorisation de mise sur le marché en tant que remède anti-acné mais l’usage a voulu qu’il devienne une pilule contraceptive, avec les dégâts que cela a engendré poussant la France et ensuite le Maroc à l’interdire. 

 

Le pire est que l’usage culturel a poussé le tissu médical et pharmaceutique a ancrer encore plus cette idée de produits «boosters d’appétit» en leur rajoutant des vitamines comme on trouve dans Pervital, Nuravit ou Trésorix qui, en plus de la cyproheptadine, contiennent des vitamines pour doper encore plus l’appétit. Dans le jargon culturel, ce type de médicaments est appelé «Dardak», expression en darija qui signifie «déchaînes-toi». «A chaque fois qu’une femme demande «Dardak», j’ai envie de pleurer, tellement les dégâts liés à l’ignorance sont énormes», témoigne une pharmacienne.

 

"Dardak" est toujours une association entre un stimulant d'appétit, à base de cyproheptadine, et un vitamine ou un cortcoide. Un traitement prolongé de corticoïdes stimule la prise alimentaire et induit une hyper insulinémie qui favorise le stockage des graisses. Mais ce que les gens ne savent pas, c'est que ce mélange de médicaments à la base anti-allergiques et les corticoides peut provoquer des crises cardiaques et des insuffisances rénales. Grossir mais à quel prix?

 

Bref, nous sommes devant la pharmaco(marocco)logie dans toute sa splendeur. Que fait le Ministère de la Santé? 

 

Source : http://www.mdd.ma/societe-equitable/16-derdek-ces-medicaments-qui-font-grossir

Ces poisons qui blanchissent la peau  !

Elles font miroiter aux femmes une peau claire et satinée, leur vendent une composition mensongère à base de végétaux et entraînent dans les faits un vrai désastre dermatologique. 

 

Shirley, Fair and Lovely, Idéal et bien d’autres crèmes éclaircissantes bon marché continuent de faire des dégâts. «Nous continuons à recevoir des cas mais nous ne sommes pas au courant de tout et le nombre des victimes est beaucoup plus important», informe le centre de pharmacovigilence de Rabat.  Ces victimes sont des femmes entre 16 et 45 ans, de tous les niveaux socio-culturels. 

«Ces crèmes blanchissantes sont de puissants dépigmentants et leur utilisation répétitive peut détériorer dangereusement la qualité de la peau, la rendre très fine et donc très sensible, atrophier les vaisseaux sanguins, et ont un effet rebond important dans le sens que la peau recule en cas d’arrêt de l’application de la crème», explique une dermatologue.

 

Une étude toxicologique du centre de pharmacovigilence a révélé que la crème Shirley comportait même des pesticides, les carbamates, un accélérateur chimique utilisé en agriculture et dans les produits ménagers et qui provoque des allergies. Parmi les surprises trouvées, des antibiotiques comme l’amoxiciline et les phénicolés (comme s’il s’agissait de traiter une infection!) et aussi l’Acide acétylsalicylique qui compose l’aspirine et qui aurait des facultés exfoliantes anti-acné.

Ces quatre composants ont pu être détectés par le test toxicologique sur la crème très consommée Shirley, mais il reste une cinquantaine d’autres composants qui n’ont pas été identifiés, selon le centre de pharmacovigilence!

 

Derrière cette composition improbable, inappropriée et surtout dangereuse, le test toxicologique ne nous dit pas s’il y a des traces d’hydroquinone qui donne cet effet blanchissant et que tous les dermatologues soupçonnent. Or, l’hydroquinone est un composant interdit au Maroc dans les produits cosmétiques depuis 2004, à cause des effets indésirables comme l’irritation cutanée, les allergies de contact, les dépigmentations en confettis et les acnés de gravité diverses. 

Si cette piste se confirme, non seulement ces produits contiennent des composants dangereux, mais en plus illégaux. Il est devenu urgent que le centre de pharmacovigilence pousse ses tests un peu plus loin pour  confirmer ou infirmer la présence de l’hydroquinone et la cinquantaine de composants non identifiés. 

 

Car Shirley&Co n’en sont pas à leur première dénonciation. En Septembre 2011, la Haute Autorité Audiovisuelle (HACA) avait interdit un spot télé vantant les mérites de cette crème, pourtant décriée par les professionnels. Suite à cela, une circulaire du ministre de la Santé sur la fabrication et l’importation des produits cosmétiques, sortie durant l’été dernier, soumet à une procédure d’enregistrement préalable leur mise sur le marché. Mais la loi n’est pas encore appliquée ni d’ailleurs la commission qui devra valider les enregistrements. Aucun produit n’a donc été enregistré pour qu’on sache la liste complète de ses composants, y compris ces composants non identifiés, et ses effets indésirables. Ce qui fait que ces crèmes entrent encore en toute liberté au Maroc en provenance de Taiwan, précisément de Shirley Chemical Corp, via des revendeurs locaux. A quand une campagne d’information pour que les gens n’en consomment plus ? A quand une décision forte pour interdire ces produits du Maroc ?

 

La loi n’arrêtera pas les réseaux officiels ou non qui acheminent ces poisons cosmétiques dans tout le pays. C’est une réelle politique de santé publique que nous sommes en droit d’attendre.

 

Source :http://www.mdd.ma/societe-equitable/39-ces-poisons-qui-blanchissent-la-peau

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